L’Église et l’Abbé Caillault

Juste CAILLAULT, curé de Moulismes de 1872 à 1912. Ordonné prêtre le 30 septembre 1860, il fut professeur au Petit Séminaire de Montmorillon jusqu’en juillet 1872.

C’était un homme d’action qui agissait autant sur le plan spirituel que sur le plan temporel. Par sa persévérance et son acharnement, il stimulait non seulement le Conseil de Fabrique de la Paroisse, mais aussi, le Conseil Municipal. Il intervenait auprès de l’Evêché mais aussi auprès des instances administratives (Préfecture) et politiques (Député). Dès son arrivée à Moulismes, il avait 39 ans, il se mit au travail et ne cessa d’agir tant que sa santé le lui permit. Prêtre et ancien professeur, il était conscient de sa mission auprès des habitants de sa paroisse et en particulier de la jeunesse.
En 1876, il ouvre un « asile » pour accueillir « les nombreux enfants dont les parents sont très occupés toute l’année ». Le 19 novembre 1876, le Conseil Municipal, dans sa délibération, reconnaît « l’utilité » de ce projet.

Cet asile se tenait dans « un local très convenable offert gratuitement par un bienfaiteur ». la commune n’aura besoin que d’acheter le mobilier qui coûtera environ 1 500 francs :
– gradins et bancs : 500 francs
– boulier, comptoir, tableau 500 francs
– poêle, fontaine, ustensiles 500 francs
Et de « payer la directrice dont le traitement sera fixé chaque année ».
Le Conseil décide qu’il y a lieu de fonder cette salle d’asile, qu’elle sera communale, que la commune paiera chaque année 150 francs à la directrice et rachètera le mobilier.

Toujours soucieux des besoins des habitants de sa paroisse, le Curé, épaulé par Jean de Moussac, personnalité importante du Montmorillonnais, décide la création d’un syndicat agricole, l’un des premiers du département.
Ce syndicat avait pour objet de mettre à la disposition des cultivateurs le matériel dont ils n’avaient besoin que périodiquement :
– un pont à bascule,
– un trieur de graines,
– un tarare,
– un matériel de traitement pour la vigne et les pommes de terre.

En cela, il anticipait sur un organisme créé sous forme de coopérative après la guerre 39-45, la CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole). Le syndicat d’origine a tenu jusqu’en 1960, et a cessé faute d’adhérents, l’outillage proposé ne correspondant plus aux besoins de l’agriculture moderne. Le pont-bascule était situé près de la route de Montmorillon, au début du chemin dit du « Ris de limoges ».
Les membres fondateurs du Syndicat agricole de Moulismes étaient :
MM. Jean de Moussac, Président, Emerite Betoulle, de Taveau, Juste Caillault, Curé, de Querriaux, Roquebert, Charles Lecointre, de Beauchamp.Le syndicat était administré par un Conseil composé des membres fondateurs et de syndics élus :
– Vice-président : Etienne Delbos,
– Secrétaire : Joseph Guillon,
– Trésorier : Pierre Guerraud.

L’Abbé Caillault fut également le réalisateur d’une école catholique de filles avec recrutement d’enseignantes religieuses, et la construction d’un bâtiment pour la classe et le logement de ces dernières. Il fut aussi à l’origine de la reconstruction de l’église paroissiale.

Au XVIIIème siècle, l’état de l’église de Moulismes préoccupait les responsables religieux et le Conseil de Fabrique. Déjà, en 1756, une ordonnance de l’Evêque de Poitiers, Jean Louis de la Marthonie de Caussade, menaçait d’y interdire le culte si des réparations importantes n’étaient pas faites, et ce « dans un délai d’un an ». ensuite, les Conseillers Municipaux eurent très souvent à se préoccuper de l’entretien du bâtiment qui, en 1875, devenait un réel danger pour les paroissiens. C’est ainsi qui l’Abbé Caillault, en accord avec le Conseil de Fabrique et la Municipalité décidèrent la reconstruction de l’église.

facturePour réaliser une telle entreprise, dont le devis initial se montait à 35 000 francs, notre curé prit en charge la plus grande parité de la dépense, sans avoir aucune ressource d’avance. Le financement en a été le suivant :
– dons, quêtes, souscriptions : 16 000 F
– loterie 5 000 F
– subvention de l’Etat 6 000 F
– prêt de la Commune 4 000 F
– vente de matériaux
de l’ancienne église 4 000 F
Pour rassembler les 16 000 francs, notre curé s’est impliqué totalement jusqu’à faire, lui-même, en porte à porte et sur la voie publique des quêtes dans la région. Il allait même en dehors du département. Ce comportement de mendiant lui a valu des ennuis avec la justice, sans graves conséquences toutefois.
L’église fut terminée fin 1877 et l’horloge installée fin 1878.

l’Eglise de Moulismes

Sur les numéros 15 et 16 du bulletin municipal, nous avons déjà parlé de Juste Caillault, né à Saint Genest d’Aubière en 1833. Ordonné prêtre le 30 septembre 1860, il fût d’abord professeur au petit séminaire de Montmorillon puis Curé de Moulismes de 1872 à 1912.
Prêtre et ancien professeur, il était conscient de l’importance de sa mission auprès des habitants de sa paroisse et en particulier de la jeunesse. C’est ainsi qu’il œuvra pour l’ouverture d’une école de filles, d’un asile pour accueillir les enfants de parents très occupés, pour la création d’un syndicat agricole, l’adduction d’eau avec installation d’une pompe, d’un lavoir, d’un abreuvoir, etc.

A cette époque, et depuis très longtemps, l’église de Moulismes laissait énormément à désirer et préoccupait les responsables religieux comme le signalait dès 1755 une ordonnance de l’évêque qui demandait que des travaux importants soient faits dans cette église et dans le cimetière qui l’entourait, « faute de quoi la dite église et le cimetière seront déclarés interdits ».

Il semble qu’il faudra un certain temps pour réunir la somme nécessaire à la réalisation des travaux et en 1875, le bâtiment devenait un réel danger pour les paroissiens. Quant au cimetière, il fut fermé en 1783. On peut penser que l’ouverture du nouveau cimetière ait été décidée en application de l’ordonnance royale de 1783 qui prescrivait que les cimetières soient transférés « hors des villes et de leurs faubourgs ». Dans le nouveau lieu cuvea été installée la croix hosannière qui était, avant 1785, dans l’ancien cimetière, en bordure de l’église.

C’est donc après 1872 que l’Abbé Caillault à son arrivée à Moulismes, en accord avec le Conseil de Fabrique et la municipalité, décidèrent de la tete2reconstruction de l’église. Elle fût réalisée par l’entreprise Jouillat de Montmorillon, sur les plans de l’architecte Alcide Bontand de Poitiers, et sur l’emplacement de l’ancien édifice qui pourrait dater du XIème siècle –comme le laissent penser les fonds baptismaux (dont la cuve de forme octogonale se trouve à gauche de la porte d’entrée), les têtes sculptées et les modillons conservés dans l’église actuelle.

Le coût total s’élevait à 35 074,93 francs. 10 000 francs furent financés par une subvention de l’Etat et un prêt de la commune, le reste par la vente de matériaux de l’ancienne église et par l’action de Juste Caillault qui se chargea de trouver le financement de sa construction par de nombreux moyens : dons, loteries, quêtes, souscripteurs, etc.
L’église fût donc reconstruite dans le style néo-roman. Le clocher-porche abrite 3 cloches bénites en 1877. Le plan au sol est rectangulaire et les vitraux réalisés en 1883 proviennent de l’atelier Berger de Toulouse.
Dans le vitraille 4, saint Juste, patron de l’abbé Caillault, à la gauche de Jésus.

vitraille4

L’Abbé Caillault est décédé le 17 octobre 1912. Son corps repose au cimetière de Moulismes, face à la Croix Hosannière.Abbe caillault

Une plaque est apposée dans l’église, à droite de la porte d’entrée, face à la cuve baptismale.plaque

Voici le plan de l’église, les statues et la signification des vitraux (V) :


plan eglise

D’après les notes de Joseph Guillon (décédé en février 2004)